mercredi, décembre 3, 2025
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Acteur jusqu’ici discret en matière de furtivité, Airbus sort du bois

C’est véritablement la grande surprise de ce début de semaine. En dévoilant le Low Observable UAV Testbed (LOUT), un démonstrateur d’aéronef furtif, classifié et initié une décennie auparavant, Airbus sort du bois et s’érige de facto comme un acteur sur qui il faudra désormais compter en matière de furtivité.

UN BANC D’ESSAI POUR MAÎTRISER LA SIGNATURE RADAR

Fondé sur une approche du type « Skunk Works » – à l’instar du légendaire département d’ingénierie et de design de Lockheed Martin qui a notamment travaillé sur le SR-71 et le F-117 – le LOUT était jusqu’alors un programme classifié et portant sur le développement d’une plateforme furtive. C’est le responsable du programme Futur Air Combat System (FCAS) chez Airbus, Mario Hertzog, qui a révélé que la compagnie travaillait sur le projet depuis 2007. Il s’est accéléré à l’orée des années 2010 suite à la notification d’un contrat avec le Ministère de la Défense allemand portant sur un Very Low Observable (VLO) ground testbed, dans l’idée d’expérimenter la réduction des ondes radars, infrarouges et acoustiques. Il n’a toutefois pas précisé si le gouvernement allemand était intéressé par un programme de développement complet d’un UCAV basé sur ce démonstrateur.

Selon FlightGlobal, le modèle apparaissant sur les images fournies par Airbus aurait une envergure de 12 mètres de large sur 12 mètres de long, pour un poids de 4 tonnes, et serait utilisé pour des tests en chambre anéchoïque. D’après Aviation Week, ce modèle d’essai serait en réalité une représentation en sous-échelle d’un modèle avoisinant les 20 tonnes. Ledit aéronef présenterait des signatures infrarouges, acoustiques et radars sensiblement réduites, et serait capable de déployer des contre-mesures électroniques tout en contrôlant les émissions électromagnétiques de ses capteurs embarqués. Il est présenté comme un drone sans pilote (UAV) bien que l’on puisse distinguer la présence d’un dôme sur les photos publiées par Airbus, laissant présager une version habitée. En l’état actuel du projet, le LOUT n’a jamais pris son envol et sert principalement de banc d’essai au développement de technologies afférentes à la furtivité.

UN LEVIER DANS LE CADRE DU SCAF

Nul doute que ce projet s’inscrit dans la coopération franco-germano-espagnole et pourrait servir de base technologique pour le SCAF car il apporte un éclairage nouveau sur les capacités de la compagnie à concevoir une plateforme furtive. De toute évidence, Airbus veut prouver qu’elle maîtrise d’ores-et-déjà l’une des briques technologiques clés pour le SCAF, à savoir la furtivité. A cet égard, le LOUT présente des caractéristiques typiques pour un aéronef optimisé pour une faible détectabilité radar puisque tous les domaines de la technologie furtive – des entrées d’air à l’échappement du réacteur en passant par le revêtement réducteur d’ondes – ont été intégrés dans la conception du LOUT.

Pour l’instant, on ignore tout du volume budgétaire alloué à ce programme mais il s’inscrit d’ores-et-déjà dans la même logique que celle du nEUROn1 de Dassault : ce dernier visait principalement à conceptualiser les différentes capacités du SCAF et à jeter les bases de leur définition et industrialisation future, en vue d’une capacité opérationnelle complète à l’horizon 2040. Tout comme le nEUROn, le LOUT reste un programme de recherche sur la furtivité et de réduction des risques de détection, à la grande différence qu’il n’a jamais pris les airs et demeure à l’état de maquette. Néanmoins, nul doute que les enseignements tirés de ce programme vont appuyer les efforts actuels sur le FCAS, qui vise à déployer une famille de systèmes de combat aérien, à savoir un chasseur de combat accompagné d’effecteurs déportés et divers types de drones sans pilotes (« Remote carrier » ou « Loyal Wingman »).

Le Dassault nEUROn est un démonstrateur de drone de combat (UCAV) furtif et européen.

Outre l’apport en termes technologique, cette révélation revêt inévitablement une connotation fortement industrielle. En effet, il est de notoriété publique que le programme SCAF est l’otage depuis quelques mois d’intérêts industriels et politiques divergents entre la France, l’Allemagne et l’Espagne. A cet égard, le LOUT pourrait rééquilibrer la balance en venant contester la maîtrise d’oeuvre à Dassault sur le futur chasseur furtif. Toutefois, le LOUT est également un programme qui pourrait bénéficier aux effecteurs déportés que sont les « remote carrier » et qui accompagneraient le chasseur du futur en mission. A noter que la piste des drones de combats furtifs – évoquée il y a quelques jours par le général Lavigne lors d’une audition parlementaire – n’est pas à écarter non plus. A noter que Airbus a bien mis au courant Dassault de l’existence de son programme d’aéronef furtif.

DE LA PERTINENCE DE LA FURTIVITÉ

Enfin, Mario Hertzog a saisi l’occasion de cette présentation pour réaffirmer sa croyance en l’efficacité opérationnelle de la furtivité et qu’elle « est et restera un facteur de survie ». Il est vrai que dans un contexte de réactualisation des stratégies de déni d’accès et d’interdiction de zone (Anti-access/Area denial) et leur prolifération, le SCAF se doit d’apporter une solution dans la troisième dimension et la furtivité en constitue un élément de réponse à part entière. Il semble donc légitime pour Airbus d’acquérir des briques technologiques en matière de furtivité, caractéristique majeure des appareils dits de 5e génération et de 6e génération.

Or, il convient de souligner que l’avantage comparatif délivré par la furtivité demeure relatif. Outre le fait d’être onéreuse, elle est aujourd’hui menacée par nombre de nouvelles technologies en cours de développement et de déploiement, à l’instar des radars à détection passive et des radars quantiques, questionnant ainsi directement sa pertinence opérationnelle et capacitaire. Néanmoins, force est de constater que la « course » à la furtivité demeure et avec cette annonce, l’Europe se donne pour ambition d’en établir quelques jalons significatifs.

Axel Trinquier – Questions de défense européenne

La Finlande hausse le ton pour garder la maitrise de son programme HX-Fighters

Helsinki a une nouvelle fois haussé le ton vis-à-vis des industriels aéronautiques participant au programme HX-F, visant à remplacer les F18 des forces aériennes finlandaises. Cette fois, les autorités du pays ont appelé les industriels à respecter le cadre fourni par l’appel d’offres, et notamment le cadre budgétaire, de sorte à produire des offres qui devront être « réalistes ». Précédemment, Helsinki avait déjà dû intervenir pour mettre fin aux campagnes de lobbying menées par les industriels vis-à-vis des membres du comité en charge de ce dossier.

La Finlande a défini un cadre stricte pour son programme HX-F, avec une enveloppe ferme de 10 Md€, ou 11,1 Md$. Cette enveloppe doit couvrir l’acquisition des aéronefs, armements, pièces détachées, équipements de maintenance, simulateurs, et les infrastructures nécessaires. Elle ne peut être contournée par des montages financiers exotiques, visant par exemple à sortir certains couts du décompte final. En outre, l’enveloppe ne peut voir des dépassements budgétaires décomptés par des promesses de compensations industrielles, même si celles-ci sont largement souhaitées par Helsinki.

Hors de la compétition en cours, le Rafale de Dassault a effectué en 2019 une campagne « Grand froid » sur une base finlandaise.

L’approche finlandaise est, effectivement, particulièrement « saine », puisqu’elle est indépendante de toute notion de tarif « Fly Away Condition » ou de manipulation des tarifs, s’agissant d’une enveloppe globale sans qu’il soit précisé le nombre d’appareil (cible à 60 appareils). En procédant ainsi, et en s’appuyant sur une enveloppe globale importante de 10 Md€, Helsinki veut conserver la maitrise complète de ses coûts, et éviter ainsi les mauvaises surprises, plus ou moins prévisibles selon les cas. Ainsi, comme le montre le site helvétique Avia news, la baisse du prix « Fly Away Condition » du F35 annoncée il y a quelques jours, doit en réalité être compensée par des couts directs, mais sortis du périmètre, pour présenter un prix facial attractif, comme les couts liés au systeme de maintenance ALIS.

La competition HX-F oppose le F18 E/F de Boeing, le Rafale de Dassault, le Typhoon d’Eurofighter, le F35 de Lockheed-Martin et le JAS 39 E/F Gripen de Saab. Les participants participeront à une evaluation en 2020, et devront remettre une première cotation. A l’issue d’une première sélection et de négociations bipartites, le vainqueur sera sélectionné en 2021, et les livraisons devront être effectives pour le retrait des 60 F18 des forces aériennes finlandaises en 2030.

Le programme Airbus DS LOUT bouleverse les équilibres industriels européens

Airbus Defense & Space a traditionnellement une image d’acteur secondaire dans le domaine de la conception des aéronefs de combat et des systèmes aériens armés, n’ayant jamais jusqu’ici mené en complète autonomie un programme de ce type. Face au français Dassault Aviation et ses Rafales et Mirage, ou de l’anglais BAe et ses Harrier ou Buccaneers, la collaboration d’Airbus DS et de ses composants dans les programmes Typhoon et Tornado apparaissait, en effet, en retrait.

Et cette hiérarchie s’est ressentie au niveau du programme SCAF, dont la conception du NGF (Next Generation Fighter), le nouvel aéronef au cœur du système, a été confiée à Dassault Aviation, alors que le système de systèmes était confié à l’industriel européen à fort accent germanique.

De fait, la présentation du nouveau démonstrateur LOUT pour Low Observable UAV Testbed, comme son nom l’indique un démonstrateur des technologies de furtivité appliquées à un drone, a non seulement surpris l’écosystème aéronautique européen de défense, mais elle peut, potentiellement, faire évoluer sensiblement les lignes de forces qui sous-tendent ce même écosystème.

Le premier point clé du LOUT est sa confidentialité. En effet, le programme, entamé en 2007, est resté hors des scopes médiatiques pendant près de 12 ans, à l’image des programmes du fameux Skunk Work de Lockheed, qui avait conçu, entre autres, les avions U2, SR71, et F117.

Cette filiation a d’ailleurs été évoquée, sans être confirmée, par Mario Hertzog, en charge du programme SCAF chez Airbus DS, lors de la présentation du nouveau drone. Quoiqu’il en soit, l’entreprise aéronautique européenne a montré qu’elle aussi était capable de mener à terme, et en toute autonomie, des programmes complexes et confidentiels.

Le programme LOUT est resté confidentiel pendant prés de 12 années, un record pour un programme européen

Le second point clé est l’approche systémique de la furtivité employée dans la conception du LOUT. Hâtivement présentée comme holistique, probablement pour surfer sur le buzz que génère ce mot clé aujourd’hui, le LOUT a, en effet, été conçu en prenant en compte l’ensemble des aspects concourant à la furtivité d’un aéronef, à savoir sa furtivité passive par le contrôle de l’ensemble des signatures du drone (électromagnétique, optique, infrarouge, sonore), le contrôle des émissions actives sur le spectre électromagnétique (radar, communication..), et les moyens de contre-détection actifs, comme les systèmes de brouillage.

De fait, le LOUT a permis à Airbus DS d’expérimenter des interactions, des contraintes, et des compensations jusqu’ici inconnues des avionneurs dans les domaines stratégiques de la furtivité globale (ceci est une approche systémique, et non holistique..)

Le programme LOUT repose sur une approche globale de l’ensemble des acteurs et effecteurs qui concourent à la furtivité d’un aéronef

Le troisième point clé, moins évident de prime abord, réside dans la maitrise du timing et de la communication dont a fait preuve Airbus DS dans ce dossier, un domaine dans lequel les avionneurs européens ont traditionnellement un certain retard vis-à-vis de leurs homologues américains.

En effet, en présentant aujourd’hui le LOUT, Airbus DS se positionne au bon moment comme un acteur à très fort potentiel technologique, se portant en quelques minutes au même niveau que les meilleures entreprises mondiales du secteur.

Cette annonce intervient alors même que les Etats-Unis, l’OTAN, et dans une certaine mesure, une partie de la Luftwaffe, ont entrepris une nouvelle campagne visant à modifier la décision de Berlin concernant l’élimination du F35 pour le remplacement des Tornado, ou tout au moins à privilégier le Super Hornet à une version modernisée du Typhoon le cas échéant.

Le groupe Européen, par cette annonce spectaculaire, à ce moment précis, permettra peut-être à Berlin de justifier et défendre la préférence nationale avec le Typhoon, sachant que ce contrat est jugé par Airbus DS, ainsi que par la France, comme indispensable à la bonne évolution du SCAF. Reste à voir, ceci dit, si cela sera suffisant pour faire face au chantage à la composante nucléaire de l’OTAN agité par Washington (et l’OTAN), pour privilégier le choix d’un appareil américain …

Avec le programme LOUT, Airbus DS justifie l’intérêt d’une préférence nationale en choisissant le Typhoon dans le cadre du remplacement des Tornado de la Luftwaffe

Il est, à ce titre, intéressant de constater que la présentation du programme LOUT faite hier laisse bien plus de questions en suspens qu’elle n’apporte de réponses. Ainsi, aucun programme de test en vol n’a été présenté, pas plus que les applications directes des technologies développées.

On ignore également à quel niveau les autorités allemandes, comme celles d’éventuels autres pays européens membres du consortium Airbus, ont été impliquées dans ce developpement. Enfin, on ignore si le LOUT pourrait servir à concevoir un UCAV de combat à moyen terme, au sein du SCAF ou pas, afin de renforcer les capacités pour « entrer en premier » des forces aériennes européennes équipées principalement de Typhoon et Rafale jusqu’en 2040.

Avec le LOUT, Airbus DS s’aligne, au niveau des compétences, avec Dassault Aviation

Reste que cette présentation est également un message adressé à la France concernant le développement du SCAF, Airbus DS étant naturellement déterminé à ne pas jouer les seconds rôles dans ce programme, pas même pour la conception du NGF. En outre, elle renforcera probablement la détermination parlementaire allemande, déjà exacerbée par les tensions entre MTU et Safran au sujet du partage industriel sur les moteurs de l’aéronef, pour exiger des arbitrages en faveur de son industrie.

Et si le LOUT respecte ses promesses technologiques, cette exigence pourrait être plus que légitime, tout au moins du point de vue allemand. À noter que ce programme prend, en quelques sortes, les Français à leur propre jeu.

En effet, Paris avait toujours soutenu une notion de partage industriel basée sur les compétences et l’expérience avérées des industriels, plus que sur les investissements promis par les États, certains d’avoir, dans le domaine, un ascendant technologique indéniable.

Mais, comme le montre le programme LOUT, l’Industrie allemande n’est plus aujourd’hui en retrait, et peut donc exiger une position identique à celle de l’industrie française dans ce programme sur les bases posées par la France elle-même.

Le LOUT va probablement faire évoluer les lignes concernant le partage industriel autour du programme SCAF

Le LOUT ne fait, en fait, que renforcer le constat que la BITD aéronautique française ne peut se contenter d’un unique programme en partenariat pour maintenir ses propres compétences technologiques globales. La coopération européenne autour du SCAF s’en trouve naturellement renforcée, avec des briques technologiques avancées en provenance de tous les acteurs.

Mais du point de vue des compétences industrielles, les entreprises françaises vont perdre, en n’étant impliquées que dans le SCAF, une part non négligeable de ses compétences aéronautiques, ainsi que les emplois qui en découlent. Une des solutions, comme cela a déjà été évoqué, serait pour la France de developper, concomitamment au SCAF, un programme de chasseur monomoteur léger de 5ᵉ génération, en autonomie ou en partenariat avec des BITD européennes secondaires (Grèce, Portugal, …).

Un tel projet permettrait non seulement de maintenir les compétences et les emplois en France, mais aussi d’étoffer le catalogue français sur la scène internationale, notamment vers les pays n’ayant pas les moyens de s’équiper avec le SCAF.

SSGN(X) : cinq Large Payload Submarine pour remplacer quatre SSGN américains de classe Ohio ?

La marine des États-Unis (United States Navy (USN) s’impose de compenser les futurs désarmements des quatre Ship Submersible Guided missile Nuclear (SSGN) de classe Ohio. Le programme SSGN(X) ou plus souvent dénommé Large Playload Submarine est à la confluence de plusieurs besoins dont celui de perpétuer les capacités opérationnelles offertes par les quatre Ohio mais aussi de remplacer l’USS Jimmy Carter. Ce programme entretient, aussi, la perspective d’augmenter la série des Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE ou Ship Submersible Ballistic Nuclear (SSBN) de la classe Columbia, aujourd’hui fixée à douze unités et servirait de « trade off » (troc) à double titre dans le cadre des négociations sur la limitation des armements à mener avec Moscou pour l’après-2026.

Les chasseurs J-11 chinois reçoivent un nouveau radar AESA

L’Armée Populaire de Liberation chinoise met en oeuvre aujourd’hui plus de 430 chasseurs J-11, une version locale modernisée du Su-27 russe, employé principalement pour les missions de supériorité aérienne dont plus de 300 sont des variantes J-11B, pour lesquels une grande partie des composants électriques russes a été remplacée par des composants locaux, et qui dispose d’un cockpit multi-écrans moderne. Selon les médias chinois, une nouvelle variante de l’appareil, équipée d’un radar AESA, et non PESA comme précédemment, a été observée sur une base aérienne du pays, laissant anticiper une modernisation de la flotte vers ce nouveau radar.

Bien que puissant, les radars à Antenne à balayage électronique passive, PESA, ne disposent que d’une source unique d’hyperfréquences, distribués simultanément vers l’ensemble des émetteurs récepteurs. Un radar à Antenne à balayage électronique active, ou AESA, ont une source séparée pour chacun des modules d’émission/réception, permettant au radar de travailler en permanence sur la fréquence la plus efficace vis-à-vis de la cible, tout en traitant simultanément plusieurs cibles de différents types, qui se présentent sous des angles, des altitudes, des vitesses et des distances eux aussi différents. Ce type de radar est adapté à l’emploi des missiles modernes, notamment les missiles à longue portée.

Le J11B pouvait déjà emporter le missile PL15, mais il ne pouvait pas employer l’intégralité de son potentiel avec son radar PESA

Les forces aériennes chinoises, comme les forces aéronavales, mettent déjà en oeuvre des appareils dotés de radars AESA, comme le chasseur lourd de 5ème génération J-20, le chasseur léger J-10C, le chasseur polyvalents J-16 et le chasseur embarqué polyvalent J-15, faisant de la Chine le second utilisateur de la technologie AESA numériquement parlant pour ses avions de combat, après les Etats-Unis. Mais il s’agira de la première fois qu’un appareil d’ancienne génération sera modernisé pour recevoir ce nouveau type de radar, ce qui va sensiblement augmenter les performances globales des forces aériennes du pays. En outre, les appareils ainsi modernisés pourront mettre en oeuvre les nouveaux missiles à longue portée de l’arsenal chinois, comme le PL15 et le PL21.

La protection anti-aérienne rapprochée des unités russes

Consciente de la supériorité de la puissance aérienne de l’OTAN, la Russie n’a jamais cherché à l’égaler, comme l’avait fait l’Union Soviétique. Pour autant, Moscou a toujours été déterminé à neutraliser cette puissance militaire qui représente, selon les autorités militaires britanniques, « 80% de la puissance de feu de l’OTAN ». Pour y parvenir, les forces russes ont constitué un système de défense anti-aérienne interconnecté multi-couche alliant performances et densités des équipements. Nous avons déjà traité La Défense à longue portée, représentée par les systèmes S350, S400 et le futur S500, ainsi que la Défense à moyenne portée, domaine de prédilection des systemes BUK. La Défense anti-aérienne rapprochée n’est pas négligée malgré les performances des systèmes à longue et moyenne portée. Elle se compose de trois familles de systèmes, ayant chacune ses propres attributs.

Le systeme BUK assure La Défense anti-aérienne et anti-missile à moyenne portée des unités russes

Système Pantsir-S1

Le plus connu médiatiquement des systèmes de protection anti-aérienne et anti-missile à courte portée russe est le système Pantsir-S1 , signifiant « carapace » en russe, identifié par l’OTAN comme SA-22 GreyHound. Ce système monté sur camion 8×8 met en oeuvre 2 canons 2A42M de 30mm à haute cadence de tir, ainsi que deux lance missiles sextuples équipés du missile 57E6 ayant une portée de 20 km. Le Pantsir S1 est destiné à protéger les infrastructures sensibles contre les frappes aériennes, les missiles de croisières et les drones. La version Pantsir S2 est déjà en service concomitamment à la version S1 dans les forces russes, et met met en oeuvre, en ouvre, un nouveau radar plus performant. Une nouvelle version, identifiée Pantsir SM, permettra de porter les capacités de détection à 75 km et la capacité d’engagement à 40 km grâce au nouveau missile 57E6M-E. Outre les forces russes, le Pantsir a été exporté dans 10 pays, et la Serbie a également annoncé qu’elle s’en doterait prochainement. Les forces russes mettent en oeuvre plus de 140 systemes Pantsir S1 et S2.

Le Pantsir S2 a été massivement déployé en Syrie pour protéger les infrastructures russes

Système TOR M1/M2

Le TOR M1/2 est un système anti-aérien à courte portée et grande mobilité, monté sur un blindé chenillé 9A311 pour les forces russes. Il se compose d’un radar PESA Doppler à impulsion en bande K et de 8 à 16 missiles anti-aérien positionnés au centre de la tourelle dans 2 cellules à lancement vertical. Les missiles mis en oeuvre sont en général de la famille 9M331 mais peuvent également être de la famille 9M338/9 en bi ou quad pack. Entièrement automatique, le système peut engager jusqu’à 4 cibles simultanément avec ses missiles, à une distance atteignant 15 km. Le TOR assure la protection des unités mobiles russes, notamment des unités combattantes, ainsi que des infrastructures sensibles, comme les postes de commandement, ou les zones logistiques. Il a montré d’excellentes performances en Syrie en interceptant un grand nombre de roquettes et de drones lancés contre l’aérodrome de Hmeimim, palliant en partie les défaillances constatées du Pantsir face aux cibles trop petites ou trop lentes. Le TOR M1/2 est en service dans 15 pays, et la Russie en met en oeuvre plus de 200 unités aujourd’hui.

Le TOR M2 allie mobilité et capacité d’engagement à courte portée. Remarquez la trappe double sur le toit de la superstructure de laquelle les missiles sont lancés

Système 2K22 Tunguska

La protection aérienne rapprochée mobile des forces est confiée à deux systèmes. Le 2K22 Tunguska ou SA-19 Grison dans la nomenclature OTAN, a été conçu pour remplacer le fameux ZSU-23-4 dans l’accompagnement des forces blindées soviétiques. Entré en service en 1982, et modernisé à plusieurs reprises, il se compose d’un véhicule blindé chenillé de 35 tonnes monté d’une tourelle portant un radar 3D Doppler à impulsion Hot Shot, de deux autocanons de 30 mm, et de 2 lance-missiles octuples mettant en oeuvre le missile 9M311 d’une portée de 10 km à guidage radio-commandé. La Russie dispose de plus de 250 Tunguska, qui est par ailleurs en service dans 7 autres forces armées dans le monde.

Le Tunguska a remplacé le fameux ZSU-23-4 dans les colonnes mécanisées russes

Système 9M337 SOSNA-R

Le 9M337 SOSNA-R est destiné à remplacer les systèmes Strela-10 obsolètes à partir de 2022. Dépouvu de canon, il met en oeuvre 12 missiles 9M340 à guidage sur faisceau laser, très efficaces contre les cibles rapides et manoeuvrantes. D’une portée de 10 km, il peut être utilisé contre des cibles aériennes de toutes dimension, ainsi que contre des véhicules blindés légers. La tourelle anti-aérienne est montée sur un IFV BMP-3, faisant du SOSNA-R un système particulièrement économique, bien en deçà du prix du TOR ou du Pantsir.

Le SOSNA-R est moins performant que le Pantsir ou le Tor, mais il est également beaucoup plus économique

MANPAD Igla

Enfin, les forces russes utilisent un grand nombre de missiles anti-aériens légers portables. Si aujourd’hui elles emploient encore massivement le missile 9K38 Igla (SA-18 Grouse), Igla-1 (SA-16 Gimlet) et Igla-S (SA-24 Grinch), elles ont commencé à percevoir depuis 2015 le systeme 9M333 Verba, identifié par l’OTAN comme le SA-25 Verba (pour la première fois, le nom du missile correspond à celui de la désignation OTAN). D’une portée de 6,5 km et atteignant un plafond de 4500 m, le système, qui ne pèse que 17 kg, utilise un guidage multispectral infra-rouge et ultra-violet, le rendant très résistants face aux leurres. On estime qu’environ 1000 Verba ont été livrés aux forces russes aujourd’hui.

L’US Army a commandé en urgence 144 IM-SHORAD pour assurer la protection aérienne rapprochée de ses unités déployées.

Conclusion

On le voit, La Défense anti-aérienne rapprochée russe a fait l’objet d’un soin particulier, et n’a pas, comme en Europe ou aux Etats-Unis, été négligée pendant plus d’une vingtaine d’années. Ainsi, entre 1995 et 2015, l’industrie russe a continué à developper et améliorer ses SHORAD [efn_note]Short Range Air Defense[/efn_note], là ou les occident avaient perdu une grande partie de leurs compétences, et savoir-faire. Certes, l’US Army a lancé récemment une commande de 144 IM-SHORAD, mais la comparaison capacitaire avec les Pantsir ou TOR est loin d’être favorable. Il est également interessant de constater que la Russie, à elle seule, dispose aujourd’hui, en ligne, de prés de 30 missiles anti-aériens par avions de combat effectivement opérationnels au sein de l’OTAN. Même si une partie non négligeable de ces systèmes sont considérés comme obsolètes aujourd’hui, le gradient de force est tout de même susceptible de neutraliser une partie significative de la puissance aérienne occidentale, laissant alors toute latitude aux forces russes pour déployer la puissance de leurs éléments blindés, de leur artillerie, et même de leur propres forces aériennes…

Commande imminente de sous-marins nucléaires d’attaque américains Virginia Block IV (1) et Virginia Block V (8) ?

La marine des États-Unis (United States Navy ou USN) devait signer depuis octobre 2018 ce qui sera peut être sa plus importante commande de sous-marins en un seul contrat. Celle-ci portera sur la commande du dernier Sous-marin Nucléaire d’Attaque (SNA ou SSN (Ship Submersible Nuclear) du Block IV du programme Virginia et huit à neuf SSN du Block V de cette même classe, qui se distinguent par une coque allongée de 24 mètres : le Virginia Playloard Module fort de quatre Tubes Lance-Missiles (TLM).

Le retrait du service du Mig27 en Inde pourrait bénéficier au Rafale

C’est officiel, l’Indian Air Force va retirer du service ses escadrons qui mettaient encore en oeuvre les avions d’attaque Mig27 acquis dans les années 80. Ce retrait, bien que prévu et devant être effectif d’ici 2024, a été anticipé suite à deux accidents ayant entrainé la destruction de deux appareils en Février et Mars 2019, les pilotes étant parvenus à s’éjecter. Avec le retrait accéléré des Jaguar annoncé il y a quelques semaines, l’IAF voit les deux appareils composant sa flotte d’attaque, qui représente aujourd’hui 150 aéronefs, être promis à un retrait rapide, sans remplaçant annoncé pour l’heure.

L’Inde avait acquis, dans les années 80, 165 avions d’attaque Mig27 auprés de l’Union soviétique. Cet appareil à géométrie variable était dérivé du chasseur Mig23, duquel le radar d’interception High Lark avait été retiré au profit d’un calculateur de bombardement. L’appareil était spécialisé dans les missions de bombardement, à l’instar du jaguar franco-britannique de l’époque. Il emporte en outre un IRST orienté vers le bas, contrairement à la version export Mig27M traditionnelle. Comme les jaguars, les MIG27ML Bahadur indiens ont été modernisés dans les années 2000 pour mettre en oeuvre des armes de précision et des missiles guidés. Mais la configuration monomoteur de l’appareil entraina de très nombreux accidents, plus de 12 appareils ayant été perdus sur la seule décennie 2000-2010.

L’IAF a été un important client pour le constructeur MIG – ici un un Mig21, Mig23, Mig29, Mig27 et Mig25

Avec ce retrait, l’IAF[efn_note]Indian Air Force[/efn_note] voit sa composante attaque largement entamée à court terme, et réduite à néant d’ici quelques années. Elle est en partie compensée par les capacités multi-rôles des quelques 270 Su30MKI en service, mais ces appareils restent principalement spécialisés dans des missions de supériorité aérienne. Le contrat MMRCA 2, qui vise à remplacer les 110 Mig21 encore en service, permettra également de mettre en oeuvre un nouvel appareil polyvalent, mais l’entrée en service des premiers aéronefs ne pourra intervenir avant 2026 ou 2027, dans le meilleur des cas, alors que les Mig21 doivent être retirés du service d’ici 2024. La commande en urgence de quelques Su-30MKI et Mig29 auprés de la Russie ne changera rien au déficit capacitaire qui se profile pour l’IAF.

Quelques soient les hypothèses retenues aujourd’hui, il va donc manquer entre 120 et 180 appareils ayant d’importantes capacités en matière de frappe aérienne à l’IAF entre 2025 et 2035. Et le Rafale apparait aujourd’hui comme le meilleur candidat pout répondre à ce déficit, et ce pour plusieurs raisons :

  • le Rafale sera déjà en service dans l’IAF, et assurera déjà les missions de frappe nucléaire liée à la dissuasion. Elle dispose donc des compétences pour mettre en oeuvre l’aéronef
  • le contrat initial concernant la commande de 36 Rafale était accompagné d’une infrastructure de maintenance pouvant accueillir jusqu’à 150 appareils
  • ce même premier contrat a permis d’intégrer plusieurs munitions conventionnelles Air-Sol en service dans l’IAF , dont le missile de croisière supersonique Brahmos
  • le Rafale est aujourd’hui le seul appareil du marché, avec le Su34, a avoir été conçu spécifiquement pour les missions d’attaque et de pénétration à basse altitude, seule solution efficace pour contrer les systèmes de déni d’accès modernes employés notamment par la Chine.
  • Même en configuration frappe aérienne, le Rafale peut apporter un regain de puissance non négligeable en matière de supériorité aérienne, de part sa réelle polyvalence multi-mission.
  • Enfin, par sa configuration bimoteur et ses performances (vitesse, capacité d’emport, rayon d’action, pénétration très basse altitude haute vitesse etc..), le Rafale est beaucoup plus sur et performant dans ces missions que le Tejas de facture locale, surtout pour s’opposer à un adversaire comme la Chine, sur des théâtres comme la chaine himalayenne.
Le Rafale représente un excellent candidat pour remplacer la composante attaque de l’IAF

On comprend, dès lors, l’origine des rumeurs insistantes concernant une possible commande supplémentaire d’appareils de la part de l’Inde, qui pourrait être annoncée à l’occasion de la visite du président Macron à New Delhi fin janvier pour la fête nationale indienne. Les industriels français du consortium Rafale ont, par ailleurs, pris le temps de concevoir une offre « Made in India » performante et sûre, permettant de proposer le même niveau de garanties contractuelles que pour les aéronefs assemblés à Mérignac. En outre, l’annonce par Pékin du lancement de la production en série du J-20 fera peser sur New Delhi, et l’IAF, une pression supplémentaire, poussant vers des décisions fortes et rapides.

La grande confusion syrienne !

La fin officielle des hostilités entre les Forces Démocratiques Syriennes et les Forces Turques, actée par l’entremise de la Russie qui a obtenu du YPG Kurde le retrait d’une bande de 32 km longeant la frontière turco-syrienne, donne désormais lieu à une immense confusion, chaque acteur ne sachant plus qui est qui, et comment réagir. Ces deniers jours ont ainsi vu les forces turques effectuer un tir d’artillerie à moins d’un kilomètre d’un point d’appuis des forces américaines, ainsi que d’une frappe aérienne turque sur le sol irakien, contre des terroristes identifiés du PKK selon le communiqué d’Ankara. Coté américain, le redéploiement des forces spéciales pour « protéger les infrastructures pétrolières », ordonné par le président Trump, s’est fait sans réel plan d’action. La situation créée artificiellement dans le nord de la Syrie par la Russie risque fort, à plus ou moins court terme, de se transformer en un chaos indescriptible avec des risques d’escalade non négligeables.

Pour la Turquie, le succès de l’opération militaire semble avoir donné des ailes au président Erdogan, qui n’hésite pas à braver la no Fly zone de la coalition au dessus du territoire irakien, pour frapper des membres identifiés du PKK. En outre, il semble que malgré le retrait des kurdes du YPG de la bande de 32 km exigée par Ankara, les forces turques continuent de mener des attaques par drone dans la profondeur du dispositif des forces démocratiques syriennes. Les milices pro-turques font également beaucoup parler d’elles, avec de nombreux rapports d’exactions, et un accrochage sérieux avec les forces de Damas, ayant donné lieu à la capture de prisonniers. La seconde frappe d’artillerie à proximité des forces américaines, si elles n’a là non plus pas fait de victime, apparait comme une démonstration de force pour signifier clairement qui a les cartes en main dans la région.

Les forces armées turques ont déployé de très importants moyens blindés, d’artillerie et aériens, pour prendre le dessus sur les forces kurdes du YPG

La Russie, et son allié syrien de Damas, ont un profil étonnamment bas ces derniers jours. Moscou a négocié avec les autorités syriennes la location d’une nouvelle base aérienne dans le nord est du pays, un point critique pour rayonner sur l’ensemble de la région. Des rapports indiquent également que l’état-major russe procède à un renforcement significatif des forces déployées dans la zone, avec le déploiement de plusieurs centaines de militaires supplémentaires. Ces différentes annonces indiquent que le Kremlin anticipe bien un durcissement des tensions à venir, et se prépare à défendre, comme il l’avait fait depuis 2015, le régime de Damas, et les positions stratégiques en Méditerranée orientale que procurent les bases syriennes.

La position des Etats-Unis est, sans contexte, la plus confuse, que ce soit sur le terrain comme au niveau diplomatique. Ainsi, les forces blindées déployées la semaine dernière à partir d’Irak pour, officiellement, protéger les infrastructures pétrolières syriennes et empêcher qu’elles ne retombent aux mains des radicaux islamistes, l’ont été sans réel plan d’action, et sans règles d’engagement. Les règles d’engagement définissent le cadre opérationnel dans lequel les forces américaines ont l’autorisation de faire usage de la force. Sans ce cadre, les forces américaines sont sensiblement handicapées.

Le déploiement des forces US pour protéger les infrastructures pétrolières syriennes a été ordonnée sans plan d’action et règles d’engagement

En Europe, et en France en particulier, la discretion est de mise. En dépit de quelques mesures symboliques concernant l’interdiction d’exportation d’armes vers la Turquie prononcées par certains pays de l’Union européenne pour répondre à l’émotion de l’opinion publique, le quotidien semble avoir effacer du débat public la crise syrienne, ses implications sécuritaires, et l’absence dramatique de poids dans ce dossier.

Quoiqu’il en soit, et en dépit de l’apparente accalmie des tensions qui transparait dans les médias, la situation est encore bien loin d’être stabilisée en Syrie. La Turquie semble de plus en plus déterminée à user de sa puissance militaire pour étendre sa domination locale, en s’appuyant sur l’argument de la menace terroriste kurde. La Russie, et la Syrie de Damas, semblent eux anticiper la résurgence de tensions, et consolident leurs positions défensives. Les Kurdes du YPG, après avoir fait le dos rond pour éviter le massacre, représentent toujours une force militaire non négligeable, qui pourrait s’appuyer sur les Peshmerga irakiens, bien plus puissants militairement avec plus de 650.000 hommes, si les attaques turques en Irak venaient à se répéter. Quand aux occidentaux, s’ils sont toujours présents, ils ont considérablement entamés leurs crédits, que ce soit par les décisions de D.Trump, ou par l’inconsistance européenne. Une chose est certaine, loin de résoudre quoique ce soit, l’annexion territoriale turque du nord de la Syrie avalisée par la Russie crée, dans le faits, un creuset qui concentre en un point des très importantes forces militaires, et des volontés antagonistes marquées.

US Navy : commande de trois SNA de classe Virginia en 2020

La marine des États-Unis (United States Navy (USN) présente au Congrès dans le cadre de la loi fiscale 2020 (Fiscal Year 2020 (FY20) une commande de trois Sous-marins Nucléaires d’Attaque (SNA ou SSN (Ship Submersible Nuclear) de la classe Virginia. L’USN joue la reconstitution de sa « ligne » de SNA entre les désarmements des anciennes unités (classe Los Angeles), la phase d’industrialisation des Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE ou SSBN (Ship Submersible Nuclear Ballistic) de classe Columbia et la tentative d’accélérer l’arrivée du SSN(X) afin de maintenir la supériorité américaine dans le combat sous-marin.