lundi, décembre 8, 2025
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La Turquie craint une intervention américaine pour stopper l’acquisition de moteurs sud-coréens pour son char Altay

Si les discussions entre Ankara et Séoul au sujet du pack propulsif emprunté au char K2 Black Panther pour équiper le char lourd turc Altay ont progressé ces dernières semaines, elles ont également suivi une direction différente de celle initialement envisagée par les officiels turcs. En effet, là ou ces derniers envisageaient initialement une co-production avec transfert de technologies pour les 250 moteurs Doosan et distribution S&T Dynamics qui doivent équiper la première tranche de chars Altay, il semble que désormais, ceux-ci se contentent d’une acquisition « sur étagère » du pack propulsif selon les dires des autorités turcs. Evidemment, dans une telle approche, il semble peu probable qu’une notion de transfert de technologie soit considérée, ce qui laisserait Ankara sans acquis supplémentaires pour developper sa solution locale pour la seconde tranche de blindés.

Mais désormais, les autorités turques semblent plus concernées par une possible intervention américain auprés de Séoul pour bloquer la transaction, plutôt que sur le devenir de ce transfert de technologie. En effet, après que le Congrès américain ait fait savoir qu’il serait majoritairement hostile à la vente de 40 F-16 et de 80 kits de modernisation pour amener les appareils des forces aériennes turques au standard Block 70/72, il semblerait qu’Ankara anticipe une action diplomatique pour faire dérailler les discussions bilatérales avec Seoul. Dans ces conditions, le programme Altay, à l’arrêt depuis 2019 et l’intervention turque dans le nord de la Syrie ayant entrainé un embargo européen, et plus particulièrement Allemand, sur les armes terrestres vers Ankara, risquerait fort de rester bloqué encore plusieurs mois voire plusieurs années, alors même que BMC, l’industriel en charge du contrat, rencontrait d’importantes difficultés financières ces derniers mois.

CongresUS Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le Congrès américain s’est montré particulièrement offensif contre les positions prises par la Turquie et son président R.T Erdogan

Il est peut probable qu’une telle intervention américaine se fasse au grand jour, comme il semble peu indiqué pour les autorités turques de communiquer sur l’échec éventuel de ces négociations le cas échéant. De fait, il faudra se montrer attentif quant aux annonces, ou à leur absence, autour de ce sujet dans les semaines et mois à venir. Une chose est certaine, si Ankara venait à se trouver privée de solution pour son char Altay comme pour le renouvellement et la modernisation de sa flotte de F-16, il est hautement improbable que le président Erdogan n’entame pas d’actions visant à s’équiper ailleurs, notamment auprés de la Russie ou de la Chine, le pire pour lui étant, politiquement parlant, d’apparaitre sans solution dans ces dossiers critiques pour son image publique.

On notera également que même si les négociations avec Seoul venaient à aboutir, la situation serait loin d’être idéale pour l’industrie, et les armées, turques. En effet, le pack propulsif proposé par Doosan et S&T Dynamics a été conçu pour le K2, un char presque 10 tonnes plus léger que l’Altay. En outre, la distribution S&T Dynamics a montré des signes de faiblesse prématurée lors des essais sur K2, phénomène qui ne pourra être qu’accentué sur un char 20% plus lourd. Dès lors, les Altay de la première tranche pourraient bien souffrir d’un manque de fiabilité significatif, mais également d’un manque de puissance qui entravera significativement leur mobilité tout-terrain, au point, peut-être, de décourager Doha qui avait commandé 100 exemplaires du char il y a 2 ans, et qui attend toujours ses premiers exemplaires.

K2 tout terrain Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le K2 Black panther est un char beaucoup plus léger que l’Altay turc

Les Sous-marins nucléaires américains auraient été construits avec un acier de moindre qualité

Voilà une information qui tombe plutôt mal, alors que l’US Navy est engagée dans une course stratégique avec la Marine chinoise, et que l’Australie a dénoncé le contrat pour la construction de 12 sous-marins Shortfin Barracuda français pour se tourner vers une solution nucléaire très probablement en provenance des Etats-Unis. En effet, Elaine Marie Thomas, ancienne directrice de la fonderie de Tacoma, a plaidé coupable d’avoir falsifié des compte-rendus qualitatifs concernant l’acier livré aux chantiers navals Electric Boat et Newport News Shipbuilding entre 1985 et 2017, acier utilisé pour la construction des sous-marins nucléaires de la Marine américaine.

Selon le rapport d’enquête, 240 lots d’acier de moindre qualité auraient été livrés durant cette période à ces chantiers navals, et employés pour la construction de la moitié des sous-marins nucléaires assemblés sur cet intervalle de temps. De fait, l’ensemble de ces navires va devoir subir une procédure de maintenance supplémentaire, afin de palier les risques inhérents à ce défaut aux conséquences potentiellement catastrophiques, surtout en temps de tension ou de guerre, alors que les sous-marins doivent mettre à profit l’ensemble de leur potentiel opérationnel pour prendre l’avantage sur leur adversaire. Si les défauts ont d’ores et déjà été constatés sur plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Virginia, l’ampleur et la durée de la fraude laisse désormais craindre que d’autres classes, comme les sous-marins nucléaires d’attaque Seawolf et Los Angeles, mais également certains sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Ohio, aient également été victimes de cette fraude.

Ohio SSGN Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Même les SNLE de la classe Ohio, piliers de la dissuasion nucléaire américaine, pourraient avoir souffert de la fraude de la fonderie de Tacoma.

En conséquence, l’US Navy va devoir mener désormais des inspections approfondies sur près de la moitié de sa flotte de sous-marins. Et même si, selon ses propres déclarations, les risques sont faibles et les mesures de corrections relativement rapides et « peu onéreuses » (une notion très relative lorsqu’il s’agit de sous-marins), cette crise intervient à un moment particulièrement difficile pour la Marine américaine, qui ne parvient pas à suivre le rythme industriel imposé par les chantiers navals chinois, et ce d’autant qu’aujourd’hui, sa flotte de sous-marins nucléaires constitue incontestablement son meilleur atout pour contenir les aspirations des dirigeants chinois, notamment vis-à-vis de Taïwan. Malheureusement, les libertés prises par la dirigeante de la fonderie de Tacoma, sont loins d’être une exception dans le domaine de la construction navale américaine.

Ainsi, en 2018, des soudures défectueuses avaient été relevées sur les chantiers de la nouvelle classe de sous-marins nucléaires lanceur d’engins de la classe Columbia, dont l’origine semble avoir été attribuée à des procédures bâclées destinées à économiser du temps et de l’argent au chantier naval en charge. Une année plus tard, il est apparu que les chantiers navals Huntington Ingall’s, le plus important chantier naval américain, avaient eux aussi falsifié des rapports concernant la pose des tuiles anéchoïques qui équipent les sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Virginia, mettant en balance leur capacité à éviter la détection notamment face à des sonars actifs, et ce depuis 2011. Là encore, des procédures bâclées sur fond de réduction des couts, semblent avoir été à l’origine du problème qui serait toujours ignoré sans l’alerte donnée par un ancien employé des chantiers navals.

Rool Out Virginia Shipyard Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
le revêtement anéchoïque des SNA de la classe Virginia aurait souffert de malfaçon de 2011 à 2019 au sein des chantiers navals Huntington Ingall’s

Ces révélations, qui jettent le discrédit sur la qualité des navires de guerre produits par l’industrie américaine et mis en oeuvre par l’US Navy, interviennent qui plus est, alors que la qualité même de ses équipages est aujourd’hui fortement contestée. En effet, qu’il s’agisse de l’incendie qui ravagea le porte-hélicoptère d’assaut USS Bonhomme Richard le 13 juillet 2020, et qui conduisit l’US Navy à retirer du service le navire entrée en fonction en 1998, ou la collision entre le sous-marin nucléaire d’attaque USS Connecticut de la classe Seawolf, et un relief marin non cartographié en mer de Chine, dans les deux cas, la responsabilité de l’équipage, et plus particulièrement des officiers du bord, a été dénoncée par les commissions d’enquêtes navales, entrainant la radiation de plusieurs d’entre eux.

De fait ,déjà privée de la supériorité numérique face à la Marine chinoise, l’US Navy voit désormais les deux piliers sur lesquelles elles veut bâtir sa supériorité navale, la qualité de ses navires et le professionnalisme et l’entrainement de ses personnels, largement remis en cause en seulement quelques mois. Comme un malheur n’arrive jamais seul, ces crises interviennent alors même qu’elle ne parvient pas, depuis plusieurs années, à définir une stratégie réaliste et efficace pour neutraliser la menace chinoise grandissante, y compris dans son plan de charge industriel qui demeure aujourd’hui encore particulièrement flou à moyen et long terme, des difficultés qui contrastent avec la fluidité avec laquelle l’industrie navale et la marine chinoise pilote sa montée en puissance rapide.

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La chine rattrape rapidement son retard dans le domaine des sous-marins nucléaires, et au moins un nouveau navire de ce type rejoint chaque année les forces navales de l’Armée Populaire de Libération

Reste à voir, désormais, comment le Pentagone, l’Etat-Major de l’US Navy, ainsi que l’administration Biden, vont prendre en charge cette situation plus que dégradée, pour tenter de relever la barre et faire face à Pékin dans le Pacifique. Une chose est certaine, ces crises à répétition risquent forts de créer une tension importante sur les navires effectivement opérationnels dans un avenir proche, et pour une durée importante. Dans ces conditions, et eu égard aux enjeux dans le pacifique, il semble difficile d’imaginer qu’elle puisse se défaire précocement d’un ou deux sous-marins d’attaque pour jouer le rôle de solution intérimaire comme l’espère le premier ministre Australien, ni même de réserver une partie de ses capacités de production industrielle afin de produire les sous-marins nucléaires attendus par l’Australie. Au final, on peut craindre que le coup joué par Scott Morrison, Joe Biden et Boris Johnson, non seulement ne permette pas d’accroitre la sécurité de l’Australie mais vienne à sensiblement affaiblir le dispositif occidental dans le Pacifique pour les deux ou trois décennies à venir, pourtant critiques eu égard aux enjeux qui s’y déroulent.

Paris et Londres relancent leur coopération dans le domaine des missiles tactiques

La coopération franco-britannique en terme de developpement de systèmes militaires a souvent été difficile, et jalonnée d’échecs cuisants, comme ce fut le cas, par exemple, du projet de porte-avions entre les deux pays. Mais lorsqu’elle parvient à aboutir, cela donne, bien souvent, des équipements de très grandes qualités. Ce fut le cas dans le domaine des hélicoptères avec la Gazelle et le Puma, dans le domaine des avions de combat avec le Jaguar, et plus récemment, dans le domaine des canons d’artillerie avec le système de 40mm à munition télescopée. Mais le domaine de prédilection de cette coopération a depuis plusieurs décennies été les missiles tactiques, avec des systèmes comme le SCALP/Storm Shadow et le nouveau missile ANL/Sea Venom qui offrent tous deux des capacités avancées aux forces armées de deux pays, ainsi qu’à leurs clients exports.

Outre une coopération dans le domaine de la guerre des mines, Paris et Londres developpement ensemble depuis plusieurs années une nouvelle famille de missiles destinée à remplacer à la fois les Exocet français et Harpoon américains dans le domaine de la lutte anti-navire à longue portée, ainsi que le missile de croisière Scalp / Storm Shadow qui équipe Rafale, Typhoon et Mirage 2000. Désigné Futur Missile Anti-Navire /Futur Missile de Croisière ou FMAN/FMC, cette coopération doit aboutir à horizon 2030 à conférer aux forces navales et aériennes des deux pays des capacités opérationnelles avancées capables de défier les meilleurs systèmes anti-missiles et de protection rapprochée en service ou à venir. A ce titre, lors de sa dernière audition par une commission défense ramenée à seulement 4 députés, les 26 autres membres de cette commission ayant visiblement mieux à faire que d’écouter le rapport de la Direction Générale de l’Armement, le Délégué Général Joël Barre a indiqué que le FMC disposerait des capacités de suppression des défenses anti-aériennes adverses très avancées, offrant une capacité perdue de longue date aux forces aériennes françaises.

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Le Missile de croisière SCALP / Storm Shadow représente une capacité opérationnelle déterminante pour les forces aériennes françaises et britanniques.

Toutefois, dans le contexte de tensions qui opposent la France et la Grande-Bretagne sur de nombreux dossiers, dont le Brexit et la participation de Londres à l’alliance Aukus, il était devenu difficile de rassembler les acteurs des deux pays pour faire progresser cette coopération pourtant essentielle pour les capacités opérationnelles des armées des deux pays dans un avenir proche. Après plusieurs reports, une réunion de travail autour du partenariat désigné par l’acronyme MCM ITP pour Materials ans Components for Missile Innovation et Technology Partnership, s’est tenue les 27 et 28 octobre, rassemblant des représentant du Ministère de La Défense et des DSTL (Defense and Science Technology Laboratory) britanniques, de la la DGA française ainsi que des industriels comme Thales, MBDA et Leonardo.

L’objectif de cette réunion était de progresser sur le programme FMAN/FMC, et surtout de mettre en place les protocoles et premières initiatives afin de projeter cette coopération dans le futur, afin de lancer les programmes et les financements qui permettront de developper les technologies de la prochaine génération de missiles tactiques dans cette approche coopérative qui a jusqu’ici donné des résultats probants. En particulier, il sera nécessaire de se doter de nouvelles capacités permettant de répondre aux équipements en developpement dans d’autres pays, comme la Chine et la Russie, comme les armes hypersoniques, les essaims de drones ou encore les défenses anti-aériennes évoluées et les armes à énergie dirigée. Autant de défis à révéler pour tenter de maintenir un gradient technologique positif afin de renforcer le potentiel dissuasif des unités britanniques et françaises.

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Les nouveaux systèmes de défense anti-aérienne multi-couches intégrées comme en Russie ou en Chine, représente un enjeux stratégique pour les forces armées européennes, et plus globalement occidentales.

Pour cela, la France et la Grande-Bretagne vont investir conjointement chaque année 13 m€ afin de financer une trentaine de projets de recherche jugés prometteurs par le comité de pilotage qui, lui aussi, n’échappe pas à son acronyme (CW ITP pour Complex Weapon Innovation end Technology Partnership), dans 8 domaines clés identifiés comme critiques pour répondre aux enjeux à venir. L’objectif annoncé est d’avoir financer, au cours des deux prochaines années, 30 projets répondants à ces critères, les premiers (tranche 1 et 2) devant être sélectionnés au premier trimestre 2022, la Tranche 3 en octobre 2022, et la tranche 4 sur le dernier trimestre de l’année.

En outre, le CW ITP entend stimuler la recherche en désignant des thèmes de recherche chaque année, en commençant par l’application de l’Intelligence Artificielle aux armes évoluées en 2022. Enfin, le CW ITP entend permettre une meilleure coopération dans le domaine des programmes nationaux eux-mêmes, de sorte à en optimiser la complémentarité et l’interopérabilité, afin d’aboutir non pas à un empilement de capacités, mais à une famille d’équipements conçus pour coopérer et dont l’intégration aux systèmes porteurs, comme le futur NGF du SCAF ou le Tempest du FCAS britannique, sera simplifiée.

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Dans le cadre du programme Tempest, le missilier européen MDBA a présenté plusieurs munitions innovantes pour répondre à de nombreux besoins, y compris des munitions anti-radiation comme le SPEAR-EW et des micro-missiles air-air et air-sol

Reste que 13 m€ par an semblent être un investissement particulièrement limité eu égard aux ambitions annoncées par cette coopération, mais également aux enjeux opérationnels auxquelles les armées britanniques et françaises vont devoir se confronter dans un avenir désormais proche. Dans ce domaine, Paris comme Londres ne semblent pas mû par une volonté d’aboutir, et d’aboutir rapidement pour répondre au Tempo opérationnel justement donné désormais par la Russie et la Chine. On peut se demander, dans ces conditions, si cette rencontre n’avait pas pour objet d’éviter une rupture définitive entre les deux partenaires européens sur fond de tensions politiques entre les deux pays et surtout entre leurs exécutifs respectifs, plutôt que de véritablement redonner l’impulsion indispensable à la résolution des enjeux à venir ? Quant à savoir si français et britanniques peuvent se payer le luxe de perdre encore un temps précieux dans ces domaines ö combien critiques …

L’Espagne dément officiellement s’intéresser au F-35 américain

De toute évidence, l’information qui avait fuitée la semaine dernière au sujet d’une possible acquisition par l’Espagne de 50 F-35, 25 en version B pour son porte-aéronefs Juan Carlos I, et 25 en version A pour remplacer une partie de ses F/A 18 Hornet, a généré de nombreux remous entre Madrid, Berlin et Paris. En effet, le porte-parole du ministère de La Défense espagnol a officiellement démenti la véracité de cette annonce, et a tenu à préciser que Madrid était pleinement engagé dans le programme SCAF qui rassemble les 3 pays, ne laissant aucune option pour rejoindre un autre programme comme le F-35.

Cette annonce aura très certainement rassuré les partenaires du programme SCAF, pour qui le programme F-35 américain est perçu comme une menace directe contre l’aéronautique militaire européenne. C’est précisément pour cette raison que Berlin avait annoncé préférer l’acquisition de Super Hornet et de Growler américains pour remplacer les Tornado qui assurent aujourd’hui les missions de partage nucléaire auxquelles participent la Luftwaffe, ainsi que les missions de suppression des défenses anti-aériennes et de guerre électroniques, et ce en dépit d’une vive opposition de la Luftwaffe elle-même, ainsi que de l’OTAN. En revanche, sans F-35B pour remplacer ses AV-8B Matador qui arment le porte-aéronef espagnol, Madrid se retrouvera, à partir de 2028 et le retrait de ces appareils, sans solution pour maintenir une capacité de chasse embarquée.

AV 8B Harrier II Armada patrouille couverture Armada Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le remplacement des Matador espagnols reste pour l’heure sans solution si Madrid rejeté l’hypothèse F-35B

Selon les déclarations du porte-parole espagnol du ministère de la défense, Madrid n’aurait pas les ressources budgétaires pour financer simultanément deux programmes majeurs. Il est vrai qu’avec un budget de La Défense de seulement 17 Md$, et de nombreux investissements en cours, l’acquisition d’une nouvelle flotte d’appareils, qui plus est ne partageant aucun ADN avec le Typhoon et le SCAF, aurait lourdement pesé sur ce budget. Pour autant, la précision de la fuite, qui allait jusqu’à annoncer le nombre d’appareils qui devaient être commandés, et le calendrier de ces commandes, laissent peu de doutes quant à sa matérialité. Dès lors, il est très probable que la marche arrière engagée par Madrid résulte bel et bien de pressions politiques venues de Berlin et Paris, et non d’une mauvaise interprétation des journalistes à l’origine de celle-ci.

Cette annonce fait également très probablement les affaires de Airbus Defense and Space, partenaire espagnol et allemand du programme Eurofighter, puisqu’elle suppose que l’avion européen sera privilégié pour remplacer les Hornet espagnols qui doivent quitter le service d’ici la fin de la décennie. Rappelons que le programme SCAF ne concerne pas uniquement le nouveau chasseur NGF, mais également l’évolution technologique et opérationnelle des Rafale français comme des Typhoon allemands et espagnols à partir de 2030, avec de nouvelles capacités comme par exemple la mise en oeuvre de drones de combat Remote Carrier.

Rafale Typhoon Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le programme SCAF permettra également de faire évoluer les capacités opérationnelles des Rafale et Typhoon à partir de 2030

L’avion de guerre électronique chinois J-16D serait déjà opérationnel

Alors que la présentation officielle du nouvel avion de guerre électronique et de suppression des défenses anti-aériennes chinois J-16D n’est intervenue qu’au début du mois de septembre, un reportage de la 7ème chaine publique chinoise consacrée aux Forces Armées de l’APL, a permis de constater que l’appareil était d’ores et déjà en unité opérationnelle au sein des forces aériennes chinoises, ce qui a été confirmé par un article du site d’état Globaltimes.cn publié ce jour. Selon l’article, le nouveau chasseur de guerre électronique serait destiné à évoluer aux cotés du chasseur de 5ème génération J-20 pour éliminer les capacités de détection de l’adversaire. L’appareil aurait d’ailleurs déjà participé à des exercices ayant permis d’expérimenter ce couple, et d’en optimiser les aspects opérationnels.

L’arrivée du J-16D, et celle attendue du J-15D, version biplace du chasseur lourd embarqué dédiée elle-aussi à la guerre électronique, marque un véritable bond capacitaire pour les forces aériennes chinoises, qui désormais disposent de capacités étendues pour agir en zone fortement contestée, notamment face à des défenses anti-aériennes avancées. L’appareil dispose pour brouiller les radars adverses de 4 nacelles de brouillage à haute puissance (voire photo d’accueil de cet article), chacune semblant être spécialisée dans une gamme de fréquence, offrant une capacité de brouillage étendue à chaque appareil contre une grande variété de systèmes de détection, mais également contre les précieux systèmes de communication adverses indispensables à la conduite des opérations multi-domaines, au coeur des stratégies occidentales modernes. A ce jour, seul le EA-18G Growler, mis en oeuvre par l’US Navy ainsi que par les forces aériennes australiennes, offre des performances similaires.

EA18G Growler Us Navy Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
L’EA-18G Growler est aujourd’hui le seul appareil offrant des capacités de brouillage offensif comparables à celles du J-16D

On peut se demander, à ce titre, si quelques J-16D n’auraient pas participé aux missions de « provocation » aux abords de Taïwan ces derniers mois, de sorte à enregistrer les fréquences et formes d’onde de l’ensemble des systèmes de détection et de communication mis en alerte par la défense anti-aérienne de l’ile pour suivre ces raids pouvant apparaitre comme menaçant, et ce d’autant que le J-16D ne présente que peu de différences avec le chasseur bombardier polyvalent J-16 dont il est dérivé. Dans le domaine de la guerre électronique, en effet, les banques de données concernant les signaux adverses s’avèrent aussi indispensables et déterminantes que les brouilleurs ou les missiles anti-radiation eux-mêmes.

La coopération entre le J-20 de 5ème génération et le J-16D de guerre offre de nombreuses opportunités opérationnelles, chacun sur-multipliant l’efficacité opérationnelle de l’autre pour éliminer les défenses anti-aériennes et les capacités de détection et de communication de l’adversaire. Ainsi, dans un environnement brouillé, la furtivité du J-20 s’avèrerait renforcée lui permettant de s’approcher au plus prés de l’adversaire sans risquer la détection frontale ou latérale. A l’inverse, le J-20 peut assurer la protection du J-16D, notamment contre les menaces air-air, un brouilleur radar étant particulièrement aisé à repérer pour un système passif, et très attractif pour la chasse adverse. De fait, la combinaison J-20/J-16D, par ailleurs deux appareils lourds dotés d’un important rayon d’action, offre aux forces aériennes chinoises une nouvelle arme offensive taillée pour la haute intensité, et pour défier les systèmes de détection les plus avancés, y compris ceux mis en oeuvre par l’US Navy et l’US Air Force. En outre, cette coopération pourrait bien servir de base à celle qui sera mise en oeuvre entre le chasseur embarqué de 5ème génération J-35 et le J-15D au sein des groupes aéronavals embarqués chinois.

PL15 et PL10 sur J20 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
En coopérant avec le J-16D, le J-20 peut éliminer les avions de détection avancée et les appareils de soutien (ravitailleurs, SIGINT) en s’exposant au minimum à une riposte de la chasse adverse.

Pékin accentue la pression militaire sur l’Inde dans l’Himalaya

Le recours à la menace militaire semble être devenu la règle pour Pékin dès lors qu’un de ses voisins ne se plie pas a ses exigences. Outre le cas de Taïwan largement commenté, avec de très nombreux exercices navals et aériens et une rhétorique de plus en plus menaçante de la part des autorités chinoises et de la presse nationale contre l’ile indépendante, c’est désormais au tour de l’Inde de devoir faire face à des menaces de plus en plus explicites, et à des exercices militaires de plus en plus importants et denses le long de sa frontière orientale avec la Chine Populaire, notamment sur les plateaux du Ladakh.

Selon le site d’Etat GlobalTimes, l’Armée Populaire de Libération chinoise, l’APL, a ainsi mené de multiples exercices sur les haut-plateau tibétains de la province du Xinjiang, mettant en oeuvre des systèmes d’artillerie PCL-181 de 155mm ainsi que des lance-roquettes automoteurs de 122mm PHL-11 dans un exercice de tir réel. La même semaine, ce furent les lance-roquettes lourds PHL-03 de 300mm et une dernière version de LRM capable de mettre en oeuvre des roquettes de 370mm qui furent mis en oeuvre sur un plateau tibétain non identifié, en coopération avec des systèmes de reconnaissance par drone et des radars d’artillerie pour coordonner la précision des tirs. Des bombardiers JH-7 furent également engagés, à des altitudes dépassant les 4000 m.

pcl 181 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le PCL-181 reprend de nombreux aspects du CAESAR français, ainsi que de nombreuses capacités, comme une portée opérationnelle de 40 km avec obus classique, et de plus de 60 km avec des obus à propulsion additionnée

Cette démonstration de force bien peu subtile face à New Delhi, a pour objectif d’amener les autorités indiennes à adoucir leurs positions face aux revendications fermes de pékin dans les négociations en cours au sujet de la ligne de démarcation faisant office de frontière entre les deux pays sur les hauts-plateaux himalayens. Elle s’accompagne d’un renforcement notable des forces chinoises déployées le long de cette zone, ainsi que des infrastructures de défense positionnées à proximité, notamment des bases aériennes. En outre, de nombreux nouveaux sites de défense anti-aérienne ont été observés ces derniers mois entourant ces positions chinoises, marquant une préparation opérationnelle effective de l’APL, qui semble anticiper une prochaine opération militaire dans la région.

L’inde, bien évidement, n’est pas en reste, et renforce elle aussi ses capacités défensives le long de cette frontière de fait, en déployant notamment de nouveaux systèmes anti-aériens, des hélicoptères de combat et même des chars lourds. Toutefois, l’APL semble avoir anticipé de longue date l’éventualité d’un conflit himalayen, en s’étant notamment doté de nouveaux blindés parfaitement adaptés au terrain, comme le char léger Type 15 (désignation export VT 5) ou le canon automoteur PCL-181 (désignation export SH-15), très inspiré semble-t-il du CAESAR français. En outre, à l’instar du renforcement des capacités offensives et défensives des infrastructures régionales observées à proximité du détroit de Taïwan, l’APL a entrepris une démarche similaire dans le Xinjiang, lui conférant, sur le papier tout du moins, un niveau de préparation opérationnelle très élevé pour un éventuel engagement sur ce théâtre.

Type15 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
D’une masse de 33 tonnes, le char léger Type 15 dispose d’un excellent rapport puissance poids de 30 cv par tonne, (27 cv/t avec blindage actif additionnel), lui conférant une excellente mobilité en terrain très accidenté

A l’instar de Taïwan, face à la menace chinoise, New Delhi pourrait bien considérer d’un oeil plus attentif les invitations faites par Washington de rejoindre le camps occidental, voire même de rejoindre une version étendue des fameux Five Eyes, la communauté de défense et de renseignement formée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zelande. En effet, l’hypothèse d’étendre ce périmètre au Japon, la Coréen du Sud, l’Inde et l’Allemagne devient récurrente aussi bien au Pentagone qu’au Congrès américain, de sorte à créer une alliance de pays du bloc occidental liant aussi bien l’Europe que la zone indo-pacifique dans une unité de coopération globale, destinée aussi bien à neutraliser la menace chinoise que russe. En d’autres termes, il s’agirait de créer, sur cette base des 5 eyes, les bases d’une alliance mondiale permettant la mise ne oeuvre d’une nouvelle logique de bloc dans une confrontation de type guerre froide.

De fait, l’intransigeance et la véhémence dont font preuve aujourd’hui les autorités chinoises, risquent fort de précipiter une bipolarisation du monde qui serait bien peu à son avantage, si ce n’est à celle des leaders chinois (et russes) qui y trouveraient une parfaite justification pour conserver le pouvoir au delà des échéances légales. Rappelons à ce titre que le président Xi Jinping a fait, comme Vladimir Poutine, mander la constitution chinoise pour lui permettre d’exercer un troisième mandat de 5 ans, alors même qu’il a déjà effectué les deux premiers mandats. Dans ces conditions, la limite critique de 2027 avancée par le commandement Pacifique des Etats-Unis, au sujet d’un possible conflit autour de Taïwan, prend naturellement tout son sens, puisqu’il s’agit de la limite du mandat du président Xi.

type075 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Les porte-hélicoptères d’assaut Type 075 confèrent à la marine chinoise des capacités de projection de puissance comparables à celles des LHA de la classe America de l’US Navy

Reste que le plus inquiétant, dans cette crise en incubation, est probablement l’intransigeance croissante des autorités chinoises dès lors que leur interlocuteur semble ne pas céder à toutes leurs exigences. Il apparait, désormais, que Pékin intègre le recours à la force armée comme une composante naturelle des négociations internationales, tout du moins dans son voisinage proche. Or, cette limitation pourrait bien n’être que temporaire, l’APL n’ayant pas encore, à ce jour, une capacité de projection de puissance suffisante pour aller menacer directement un adversaire potentiel distant. Dans les années à venir, elle verra ce type de capacité s’accroitre rapidement, avec l’arrivée des porte-avions Type 003 et des porte-hélicoptères Type 075 et porte-drones Type 076, accompagnés d’un nombre croissant de destroyers type 052D et de croiseurs Type 055, lui permettant d’user de la même stratégie contre des adversaires bien plus distants.

L’euro-intégrisme du Ministère des Armées nuit-il aux capacités d’équipement des Armées ?

Depuis prés d’une décennie, le Ministère de La Défense devenu Ministère des Armées, et la Direction Générale de l’Armement qui supervise l’ensemble des programmes industriels pour les Armées, donnent presque systématiquement la préférence à une vision européenne des programmes de Défense. Ainsi, lors de sa dernière audition, le délégué général de l’Armement, Joel Barre, a écarté la possibilité de donner la préférence au Falcon X de Dassault Aviation pour le remplacement des Atlantique 2 de Patrouille Maritime, si le programme MAWS venait à devoir se faire sans l’Allemagne (qui vient de commander 5 P-8A Poseidon américains pour remplacer ses P-3C les plus anciens), arguant qu’il existe d’autres solutions « en Europe » pour ce type d’appareil.

La réponse de Joël Barre est caractéristique de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui au sein des élites dirigeantes qui pilotent les programmes de défense. En dépit des nombreux revers enregistrés dans le domaine de la coopération européenne de défense, ces autorités continuent de donner systématiquement la priorité à une vision de coopération européenne des programmes, quitte à mettre à mal le tissus industriel défense national, à entamer son rôle de pilote pour la recherche française, et à dégrader l’efficacité economique, sociale et budgétaire de l’investissement industriel de défense, celui-là même qui peut constituer le poumon permettant d’augmenter les investissements de défense sans devoir se financer par de la dette ou des impôts supplémentaires.

Des justifications très contestables

Pour justifier le tropisme européen suivi par Paris pour la presque totalité de ses programmes de défense lancés depuis l’entame de 2010, de nombreux arguments sont avancés, qu’ils soient économiques, technologiques ou de masse industrielle critique. Toutefois, tous ces arguments, sans exception, ne soutiennent pas une analyse méthodique et objective. Ainsi, l’argument avancé concernant le partage des couts a, à de très nombreuses occasions, été dénoncé notamment par la Cours des Comptes, par des analyses a posteriori des programmes. Par exemple, le programme FREMM, présenté comme un moteur de la coopération franco-italienne, n’aura au final permis de mettre en commun que 15% des navires français et italiens, du fait des attentes divergentes des deux pays. Selon la CdC, le programme aurait couté exactement le même montant s’il avait été piloté intégralement depuis la France (pour les navires français). De même, on peut constater que le programme Eurofighter Typhoon rassemblant la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, aura couté plus de double en matière de R&D vis-à-vis du programme Rafale mené par la France seule, et que l’avion lui même, pourtant faisant au mieux jeu égal avec le chasseur français, coute à l’achat 20% de plus que ce dernier. Et que dire des couts et des délais constatés autours des programmes comme Euromale, NH90 et A400M ? En réalité, le plus souvent, les contraintes liées à la coopération engendrent des surcouts neutralisant la répartition des investissement entre les participants.

La Marine Nationale disposera de 6 FREMM et 2 FREMM DA Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Les FREMM françaises de la classe Aquitaine et Alsace et leurs homologues italiennes de la classe Bergamini ne partagent que 15% de composants communs.

Un autre argument fréquemment avancé est technologique. De tous, c’est le plus contestable, car l’industrie de défense française dispose (encore) de la capacité à concevoir et fabriquer l’immense majorité de ses propres composants et équipements. La dépendance croissante à des composants européens résulte non d’une absence de savoir-faire technologique, mais de choix politiques, destinés à donner des garanties aux partenaires européens de la France. C’est ainsi que Paris privilégia l’acquisition de petrolier-ravitalleurs Volcano conçus par Fincantieri, alors même que les chantiers navals français disposaient naturellement des savoir faire pour une telle réalisation. Cette commande était un acte politique fort dans le cadre du rapprochement naval entre la France et l’Italie, rapprochement qui finalement tourna court, mais qui permit à la France de dépenser 1 Md€, soit l’équivalent de 25.000 emplois annuels, dans l’industrie italienne, sans aucun retour politique ou industriel (au contraire, Fincantieri ayant a plusieurs reprises sapé les négociations françaises avec certains de ses clients).

Dernier argument mis en avant, celui de la masse critique industrielle, selon lequel la production en grande série permettrait de réduire les couts unitaires et de simplifier la maintenance et l’évolution des équipements. Il est vrai que cet argument a eu valeur de dogme industriel pendant les 3 dernières décennies. Mais les récents travaux de Will Roper dans le cadre du programme américain NGAD ont montré qu’il n’en était rien, et que les contraintes liées aux grandes séries, notamment en terme d’évolution répétée, neutralisaient les bénéfices attendus de cette approche. Là encore, l’exemple typique est le programme Rafale, qui au final évolue mieux que le Typhoon, à moindre cout, alors même que jusqu’il y a peu, son parc installé était presque 3 fois inférieur à celui de l’avion européen, mettant à mal ce paradigme. Il est certes préférable de pouvoir répartir les investissements de R&D sur un nombre plus élevé d’équipements produits, mais là encore, les contraintes imposées par la coopération engendre des surcouts tels qu’elles neutralisent les bénéfices attendus de la grande série.

Des partenaires ne partageant pas la même vision

Si les justifications technologiques et économiques ne suffisent pas à conforter le tropisme européen suivi la France dans le domaine des grands programmes de Défense, peut-être que les bénéfices politiques et opérationnels permettent de les rendre attractifs ? Là encore, ce postulat est contestable, du simple fait que les partenaires européens de la France ne partagent pas la même vision martelée en boucle par l’exécutif au sujet d’une autonomie stratégique européenne. Au contraire, tous, sans exception, privilégient avant tout leur relation avec Washington, tant du point de vue industriel que du point de vue opérationnel, ceci expliquant l’immense succès par exemple du F-35 ou du Patriot américains face aux Rafale et Typhoon, ou au SAMP/T Mamba européens.

F35 netherlands Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Déjà 8 pays européens ont choisi le F35A américains, et 4 autres sont en négociation avec Lockheed-Martin et le FMS. En dehors des pays fabricants, un seul pays européen a choisi le Typhoon (Autriche), et deux le Rafale (Grèce et Croatie).

Ainsi, Berlin comme Madrid, pourtant partenaires de Paris dans le cadre du SCAF, n’hésitent pas à mettre sur un pied d’égalité strict les équipements produits en coopération européenne comme le Typhoon, et les offres sur étagère venant des Etats-Unis comme le F-35 ou le Super Hornet. En outre, aucun pays européen n’a montré le moindre intérêt pour la proposition faite par le Président français au sujet d’une extension de la dissuasion nucléaire à certains de ses voisins européens, certains comme l’Allemagne, la Pologne ou les Pays-Bas, s’étant même montré des plus critiques vis-à-vis de l’outrecuidance du chef de l’Etat français d’avoir osé proposer une telle solution purement européenne, au risque d’affaiblir le lien trans-atlantique. Force est de constater que la vision proposée par Paris, d’une Europe disposant de moyens militaires autonomes et capable d’assumer sa propre défense, ne semble rencontrer un certain écho favorable qu’outre-atlantique auprés de Joe Biden, qui y voit un possible moyen d’accroitre le focus des armées US dans le Pacifique face à la Chine. Et même le partenariat de défense signé avec Athènes ne permet pas d’inverser la perception globale de l’isolement sévère de Paris à ce sujet.

Une équation budgétaire et sociale absurde

La conséquence la plus irrationnel de cette posture privilégiant systématiquement la coopération européenne dans les programmes de défense est, paradoxalement, celle qui est le plus souvent avancée comme justification absolue. En effet, comme nous l’avons montré à de nombreuses reprises, l’investissement dans l’industrie de défense génère un retour budgétaire égal à 100% aujourd’hui, de part les 10 emplois directs, 8 emplois indirects et 7 emplois induits créés ou maintenus par million d’euro investis, chaque emploi générant 24.000 € de recettes fiscales et sociales moyennes, et 18.000 € d’économies sociales, soit un retour budgétaire global de 1,05 m€ pour les caisses de l’Etat. Or, il est très difficile de conserver un tel équilibre budgétaire lors des programmes en coopération, notamment du fait de la sous-exposition de la Supply-chain industrielle française, celle-là même qui constitue le poumon economique de ce modèle. En outre, en moyenne, l’industrie de défense française réalise 35% de son chiffre d’affaire à l’exportation, ce qui permet d’en accroitre le retour budgétaire à 1,5 m€ et le retour social à 37 emplois par m€ investis par l’Etat, de loin l’investissement le plus efficace du point de vu social et budgétaire pour l’Etat.

Atelier Rafale Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le retour budgétaire de l’investissement de l’Etat dans l’industrie de défense est aujourd’hui supérieur à 100% grâce notamment à l’excellente performance de la Supply chain nationale.

Or, en privilégiant la coopération européenne, l’exécutif affaiblit les équilibres qui sous-tendent ce modèle, notamment auprés de la Supply Chain française pourtant critique pour son efficacité. En outre, cette approche expose les exportations françaises à des arbitrages extérieurs, notamment lorsqu’il s’agit de pays comme l’Allemagne très prompts à vouloir sauver les apparences (et uniquement les apparences). Enfin, dans un cas comme l’hélicoptère Tigre dans sa version Tigre 3, le retrait de l’Allemagne de ce programme au profit de l’acquisition d’AH-64E Apache américains jugés moins onéreux, obligera la France , peut-être avec l’Espagne, à developper seule le programme, alors même que pour cela, elle devra s’appuyer en partie sur les partenaires allemands du programme initial. Du point de vue budgétaire et social, un tel programme est parfaitement contre productif.

Une posture qui engage la sécurité nationale

Enfin, le choix de privilégier systématiquement une approche européenne, amène la France à mutiler sa propre industrie de défense, et à mettre en péril sa propre autonomie stratégique construite après des décennies d’investissements en matière de R&D et de capacités industrielles. Ainsi, dans le cadre du SCAF par exemple, Thales, mais également MBDA, deux piliers de la BITD française, ont été mis en retrait face aux entreprises allemandes et espagnoles dans le domaine de l’armement et de l’électronique embarquée, alors même qu’aucun programme alternatif ne permettra à ces entreprises de maintenir leurs compétences en intégralité dans ces domaines critiques. Dès lors, l’autonomie stratégique française, celle qui conditionne la capacité de la France à justifier de son rang international, est volontairement érodée sur l’autel d’une ambition européenne loin d’être acquise, eu égard aux nombreuses réticences des européens eux mêmes.

Tigre HAD face MinDef Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le programme Tigre 3 pourra se faire sans l’Allemagne comme client, pas pas sans l’industrie allemande …

Qui plus est, comme l’a montré la crise Covid-19, en cas de crise majeure, chaque pays tend à privilégier sa propre sécurité, et ses besoins immédiats. Il en irait de même en cas de crise sécuritaire, et ce alors que la France a d’ores et déjà fait l’impasse industrielle sur de nombreux domaines, comme les munitions de petit calibre, les armes légères, les corps de bombe, ou encore les moteurs de navire. De fait, cette position euro-centrée tend à mettre en péril la sécurité même du pays, alors même qu’elle n’est nullement compensée par les acquis effectifs obtenus dans le cadre européen.

Conclusion

On le comprend, le choix fait par les autorités françaises, et cela avant même l’arrivée au pouvoir du président Macron qui en aura cependant accentué les effets, quant à la systématisation de la vision européenne en matière de programme de Défense, ne repose sur aucune base objective, et relève dès lors de la seule conviction profonde des dirigeants eux-mêmes. En ce sens, il s’agit bel et bien d’une forme d’intégrisme européen, qui ne souffre d’aucune subtilité ni d’aucune contestation d’ailleurs. Et si les résultats attendus n’étaient pas au rendez-vous, ce qui semble bel et bien menacer eu égard aux nombreux échecs dans le domaine et aux réticences des européens eux-mêmes, la seule conséquence effective de cette politique aura été l’affaiblissement effectif de l’industrie de défense française, et donc de la capacité du pays à assumer sa propre défense, sans devoir, comme nos voisins, en venir à quémander la protection américaine.

FalconX10 Dassault Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le Falcon X de Dassault aviation offre d’excellentes capacités pour une version dédiée à la patrouille maritime, pour un appareil entièrement français. Pourtant, la DGA veut évaluer d’autres solutions européennes.

Il ne s’agit pas, évidemment, de rejeter en bloc la coopération européenne, qui tant politiquement que du point de vue opérationnel, peut se justifier à de nombreux égards. Mais chaque programme en coopération ne devrait se concevoir que dans une vision globale visant à préserver et les capacités industrielles et technologiques du pays, et l’équation budgétaire de l’investissement de l’Etat, ainsi que le maintien de l’autonomie stratégique nationale. Rappelons que la France est aujourd’hui le seul pays en europe susceptible de revenir vers cette autonomie stratégique, là ou aucun autre, pas même l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, ne peut plus y parvenir sans des investissements colossaux et des délais se comptant en décennies. Ainsi, si le programme SCAF peut effectivement permettre de concevoir un chasseur lourd européen, comme le MGCS un char lourd, ceux-ci devraient être accompagnés de programmes purement nationaux, d’équipements plus légers, moins onéreux et susceptibles d’être produits à plus courts termes, de sorte à maintenir les savoir-faire délaissés dans le cadre de la coopération, mais également pour répondre au calendrier opérationnel. De toute évidence, il est désormais temps d’abandonner les postures idéologiques, pour revenir à un pilotage pragmatique répondant aux enjeux et au calendrier industriel et opérationnel, de l’industrie de défense nationale, et des programmes d’équipement des armées.

La Chine construit des répliques de porte-avions et destroyers US en plein désert

Le désert de Taklamakan, un espace désertique et très hostile de plus de 270.000 km2 en pleine territoire ouïgour dans le nord ouest de la Chine, avait été proposé en 2010 pour entrer au patrimoine mondial naturel de l’humanité. Cet espace aride qui voit des températures de 50°c en journée côtoyer des -40°c la nuit, est également une zone d’entrainement privilégiée pour l’Armée Populaire de Libération, qui y teste ses missiles balistiques depuis de nombreuses années. Récemment, toutefois, des formes incongrues pour cet environnement ont été relevées par les satellites d’observation occidentaux. En effet, les armées chinoises y ont construit des répliques simplifiées de plusieurs grands navires de guerre, en particulier les grands porte-avions de la classe Nimitz et les destroyers de la classe Arleigh Burke.

De toute évidence, ces constructions ont été conçues afin de tester les systèmes anti-navires chinois, et notamment les missiles balistiques anti-navires, comme le DF-21D d’une portée de 1.500 km, et le DF-26 d’une portée annoncée de presque 5.000 km. Les silhouettes quelques peu simplifiées des navires, le porte-avions n’ayant notamment pas de superstructure apparente, ont été bardées de capteurs, de sorte à pouvoir observer précisément l’impact et les dégâts probables infligés par les missiles et munitions. Le site où ont été observés les maquettes géantes jouxte un précédent site d’essais ou fut testé le DF-21D en 2013, ne laissant que peu de doutes quant à la fonction de celles-ci. Rappelons également qu’un missile balistique aéroporté a été observé sous un bombardier à long rayon d’action H-6 il y a quelques mois, de nombreux spécialistes estimant qu’il s’agit, là encore, d’une arme anti-navire balistique à long rayon d’action.

DF 26 Parade2015 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Le missile balistique antinavire DF-26 a une portée de prés de 5000 km, et serait capable d’emporter une carte nucléaire de 500 kt ou une charge militaire de 1800 kg.

Les maquettes, qui ne sont pas à l’échelle 1 puisque par exemple le modèle de porte-avions ne fait « que » 75 mètres de long (contre 333m pour un porte-avions de la classe Nimitz), sont transportées et déplacées sur des rails de 6 mètres de large. Cela permet de déplacer la cible à partir de la base de départ ou elles sont semble-t-il assemblées, mais cela peut également permettre de simuler le deplacement du navire à la mer, à l’échelle 1/3 ou 1/4, afin par exemple d’évaluer la précision du système de guidage des missiles sur des cibles mobiles. Rappelons que pendant longtemps et jusqu’il y a peu (2019), les marines et les services de renseignement occidentaux étaient dubitatifs quant à la capacité effective des missiles balistiques anti-navires chinois à pouvoir atteindre une cible mobile, comme un navire à la mer, et ce d’autant que les modules de rentrée atmosphériques de ces missiles évoluent à des vitesses hypersoniques.

Le fait de s’entrainer explicitement sur des cibles représentant des navires de l’US Navy est un nouveau signe du niveau de tension qui existe aujourd’hui entre les Washington et Pékin, notamment au sujet de Taïwan. De toute évidence, l’Armée Populaire de Libération comme le Pentagone se préparent activement à l’hypothèse d’une confrontation aéronavale dans une échelle de temps relativement courte. Dans ces conditions, on comprend que les « révélations » publiées ce week-end en Allemagne par la chaine ARD, selon laquelle le groupe allemand MTU et la filiale française MAN du groupe Volkswagen auraient fourni les moteurs diesels employés à bord des destroyers Type 052D, des frégates Type 054A ou des sous-marins Type 039 de la Marine chinoise, puissent créer un certain malaise dans les relations entre Berlin et Washington, même si l’information n’était pas vraiment dissimulée, puisqu’elle apparait clairement sur les spécifications techniques publiques des navires chinois.

Destroyer chinois Type 052D Luyang III Hefei 174 a Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Les destroyers Type 052D, fer de lance de la montée en puissance de la Marine chinoise, emportent deux moteur diesels 20V 956TB92 de 6 MW chacun conçus et fabriqués par l’allemand MTU

La République Tchèque annule l’appel d’offre pour de nouveaux véhicules de combat d’Infanterie

En 2016, Prague lança une vaste compétition visant à remplacer ses véhicules de combat d’infanterie héritée de l’époque du pacte de Varsovie, par des modèles modernes issus de partenaires occidentaux. En, 4 modèles furent sélectionnés pour concourir, le CV90 Mk IV suédois, l’Ascod 2 espagnol, et les Lynx KF41 et Puma allemands, avec pour objectif de produire 210 véhicules blindés pour une enveloppe de 2 Md€ pour équiper la brigade mécanisée tchèque. Le Puma de KMW fut éliminé en 2019 après que le cahier des charges technique ait été profondément modifié, et les essais démarrèrent en Mai de cette année. Début Novembre, cependant, le Ministère tchèque de La Défense a annoncé qu’aucun des trois véhicules proposés ne répondait aux exigences des autorités du pays, mettant fin de fait à cet appel d’offre. Pour l’heure, les autorités tchèques n’ont fourni aucune explication détaillée concernant cette décision abrupte, ni aucune perspective quant au remplacent des véhicules de combat d’infanterie BVP2, version locale du BMP-2 soviétique pourtant arrivés en bout de course.

Selon les explications peu convaincantes fournies par Prague, les 3 constructeurs européens ne seraient pas parvenus à répondre aux exigences de l’appel d’offre, notamment à fournir la documentation nécessaire pour évaluer les véhicules. Il est toutefois peu probable que les 3 industriels aient simultanément commis une telle mauvaise interprétation des attentes des autorités tchèques, ceci laissant supposer des raisons plus profondes liées à cette décision existent. Ainsi, l’hypothèse de voir Prague acquérir un escadron de F-35A afin de remplacer les 12 JAS-39A et les deux JAS-39B loués auprés de la suède depuis 2005, et présentée par Lockheed Martin comme un prospect très actif, pourrait bien expliquer cet arbitrage. En effet, l’acquisition d’une quinzaine de F-35A couterait au budget défense tchèque entre 2,5 et 3 Md$, un investissement considérable au regard de son budget de moins de 4 Md$ par an, alors que, dans le même temps, Prague s’est également engagé dans d’autres programmes d’investissement, comme l’acquisition de 52 canons automoteurs CAESAR 8×8 ou encore de 12 hélicoptères de combat Bell, et ce après avoir déjà commandé 62 transport de troupe blindés Titus au français Nexter.

bvp2 03 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Les BVP-2 Tchéques sont désormais obsolètes téchnologiquement, et très éprouvés mécaniquement. Le remplacement, d’une manière ou d’une autre, est impératif à plus ou moins court terme.

Il est possible, dès lors, que les Armées tchèques privilégient une solution moins onéreuse que celle visant à acquérir des véhicules de combat d’infanterie pour sa composante mécanisée, comme des véhicules de transport de troupe blindés, voire des véhicules de combat d’infanterie sur roues plus légers, plutôt que chenillés. Dans cette optique, l’hypothèse de voir Prague rejoindre Bruxelles au sein du programme SCORPION/CAMO aurait naturellement du sens, et ce d’autant que les VBMR Griffon et Serval sont beaucoup plus économiques que les Véhicules de Combat d’Infanterie comme le KF41 ou le CV90. Cette solution offrirait des capacités de transport sous blindage comparables pour les VBMR Griffon, alors que les EBRC Jaguar offrent, là encore pour un prix inférieur, une puissance de feu au mois équivalente au meilleur des VCI modernes. En d’autres termes, en passant de 210 VCI à 200 VBMR (ou Titus en construction locale) et 50 EBRC, Prague pourrait voir sa facture diviser par 2, pour un résultat opérationnel sensiblement comparable.

Reste que ceci n’est que spéculation, et que la décision des autorités tchèques concernant le remplacement des BVP-2 pourrait tout aussi bien menacer l’intention annoncée d’acquérir les 52 CAESAR 8×8. Il faut donc se montrer prudent quant aux conjectures qui entourent ce dossier en l’absence de plus de précisions venues des autorités tchèques elles-mêmes, et ce d’autant que les élections législatives qui se sont tenues au mois d’octobre ont modifié le rapport de force politique dans le pays, alors que la constitution du nouveau gouvernement ne débute qu’avec le début de la nouvelle magistrature ce lundi 8 novembre. Il faudra donc attendre encore quelques semaines pour y voir plus clair dans les orientations que prendra Prague concernant ses programmes de défense.

CAESAR8 8 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
La commande de 52 canons automoteurs CAESAR 8×8 a semble t il connu une phase d’accélération en septembre dernier.

La DARPA réussit la récupération en vol d’un drone X-61A Gremlins

Les drones aérolargués offrent de très nombreux avantages du point de vue opérationnel, en particulier celui de pouvoir être déployés à longue distance grâce à un avion porteur, et de n’avoir à employer leur propre carburant qu’une fois largués, de sorte à ne devoir le consommer qu’une fois au dessus ou à proximité de l’objectif. L’autonomie en vol des drones en est ainsi considérablement accrue, renforçant leur efficacité opérationnelle. Mais cette approche souffre d’un important point faible, puisqu’une fois largué, les chances de pouvoir récupérer le drone dès lors que sa mission est terminée sont d’autant plus minces que celle-ci intervient loin des bases alliées. Pire, le carburant consommé, celui-ci peut s’abimer en territoire hostile, permettant à l’adverse d’en extraire des informations importantes.

C’est précisément pour répondre à cela que la DARPA, l’agence d’Innovation du Pentagone, a développé le programme X-61A Gremlins, un système de drones-gigognes capables d’être largués à partir d’un avion C-130, puis récupérés en vol par ce même appareil une fois la mission accomplie, à l’aide d’un système d’amarrage rattaché à un bras articulé. Jusqu’à présent, cependant, les essais de récupération en vol s’avérèrent infructueux pour la DARPA, engendrant même la destruction de plusieurs X-61A pendant les essais. Il faut dire que réussir à faire se connecter un drone léger à un système d’amarrage pendulaire tracté par un Hercule est tout sauf une chose aisée, notamment en raison des turbulences de sillage engendrées par l’imposant appareil.

gremlins deployment Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
gros plan sur lie système d’amarrage et le bras articulé permettant au C-130 de larguer et de récuperer en vol le X-61A Gremlin

De toute évidence, les ingénieurs de la DARPA ont appris de leurs échecs, puisque lors d’une campagne d’essais s’étant déroulée au mois d’octobre dernier, ils parvinrent à accomplir l’ensemble de la procédure incluant l’aérolarguage puis l’amarrage en vol du X-61A, puis sa réintégration à bord du C-130. Ce succès marque une étape cruciale dans ce programme, dont les applications pourraient rapidement s’avérer utiles voire indispensable à l’US Air Force, notamment dans le pacifique. Maintenant que démonstration a été faite qu’il est possible de récupérer en vol un drone, s’ouvre une seconde étape du programme, autrement plus complexe, celle de rendre cette procédure sure et efficace, passage obligé avant de la mettre en oeuvre du point de vue opérationnel. A ce sujet, la DARPA pas davantage que Dynetics, le concepteur du Gremlins, ne se sont risqués à donner de calendrier. Pour l’heure, il est nécessaire d’analyser les très nombreuses données enregistrées lors de la dernière phase d’essais en vol.

Les Etats-unis développent plusieurs types de drones, dont certains doivent être aéro-largués, notamment pour accompagner les avions de combat pilotés et en étendre les capacités de détection et d’emport de munitions. C’est le cas notamment des différents drones du programme Skyborg destiné à concevoir une intelligence artificielle capable de piloter plusieurs types d’appareils, et d’agir notamment au profit des appareils pilotés qu’elle accompagne dans une approche dite de « Loyal Wingman ». En Europe également, de tels programmes sont en cours, notamment le Remote Carrier du programme SCAF, lui aussi aérolargué. Même si ces drones disposent d’une grande autonomie, ils n’en demeurent pas moins vrai que la possibilité de les récupérer en vol à l’aide d’un avion porteur constituerait une plus value opérationnelle comme économique de poids, en particulier face à des adversaires disposant de la supériorité numérique régionale, ou pour des missions de projection de puissance à longue distance.

FCAS remote carriers mock up at Paris Air Show 2019 Chars de combat MBT | Construction de véhicules blindés | Contrats et Appels d'offre Défense
Les Remote Carrier accompagneront les NGF du programme SCAF européen, ainsi que les Rafale et Typhoon français, allemands et espagnols, peut-être même d’ici le début de la prochaine décennie.